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Frissons : les débuts de Ghostface

Image tirée du film Frissons VI (2023)

Ce printemps, Ghostface revient terroriser ses victimes avec des appels tĂ©lĂ©phoniques insidieux. Dans ce sixiĂšme film de la franchise Frissons, le (ou les?) meurtriers dĂ©laissent la petite communautĂ© de Woodsboro sur la cĂŽte ouest amĂ©ricaine pour la grande rĂ©gion de New York. Lorsque le premier film est sorti en 1996, personne ne se serait doutĂ© que Ghostface deviendrait un personnage iconique et que, prĂšs de 30 ans plus tard, il serait toujours prĂ©sent sur le grand Ă©cran. À cette Ă©poque, le genre horreur slasher film Ă©tait au point mort alors que les grandes figures des annĂ©es 1980, Michael Myers, Jason Voorhees et Freddy Krueger, Ă©taient sous respirateur. Mais, Kevin Williamson, un aspirant scĂ©nariste et grand admirateur du film Halloween, veut relancer le genre.

Dans la vingtaine, Kevin Williamson tente d’abord sa chance comme acteur sauf que les contrats se font rares. En parallĂšle, il suit un cours de scĂ©narisation Ă  l’UniversitĂ© de Californie Ă  Los Angeles. Ses Ă©conomies diminuant, Williamson s’inspire alors d’un fait divers dont il apprend l’existence en regardant la tĂ©lĂ©vision : les meurtres de Danny Rolling. Ce tueur en sĂ©rie avait fait plusieurs victimes parmi les femmes qui frĂ©quentaient un collĂšge Ă  Gainesville en Floride. Quelques mois plus tard, Williamson est prĂȘt Ă  vendre son scĂ©nario, alors intitulĂ© Scary Movie (le titre sera changĂ© pour Scream quelques semaines avant la sortie du film en salle). Celui-ci contient plusieurs scĂšnes graphiques qui font croire Ă  son agent qu’il ne trouvera probablement pas preneur, d’autant plus qu’il ne semble pas y avoir vraiment d’intĂ©rĂȘt pour ce type de film dans le marchĂ©. Pourtant, c’est tout le contraire qui se produit alors qu’une guerre se dessine entre plusieurs studios. SĂ©duit par l’originalitĂ© du scĂ©nario et par les personnages qui maĂźtrisent les codes des films d’horreur, c’est finalement la sociĂ©tĂ© Miramax (Pulp Fiction) qui obtient les droits pour la somme de 400 000 $. Les frĂšres Weinstein trouvent que le projet cadre bien avec leur jeune banniĂšre Dimension, consacrĂ©e aux films d’horreur.

Rapidement, Wes Craven (A Nightmare on Elm Street), qui Ă©tait intĂ©ressĂ© Ă  acheter le scĂ©nario, est sollicitĂ© pour rĂ©aliser le film. Mais, il hĂ©site Ă  cause de l’énorme violence graphique (qui sera rĂ©duite). Il voulait Ă©galement prendre ses distances du genre qui l’a rendu cĂ©lĂšbre. Le studio aurait eu des pourparlers avec plusieurs cinĂ©astes de renom comme Robert Rodriguez, Quentin Tarantino, Sam Raimi et Danny Boyle. Selon Williamson, ils ne saisissaient pas le ton voulu. Certes, le scĂ©nario contenait de l’humour, mais ce n’était pas une comĂ©die.

La production doit beaucoup Ă  la comĂ©dienne Drew Barrymore qui, grĂące Ă  sa participation, convaincra Wes Craven de s’impliquer dans le projet. L’actrice, qui a eu la chance de lire le scĂ©nario, approche elle-mĂȘme les producteurs dans l’espoir d’incarner Sidney Prescott. Le rĂ©alisateur est donc Ă©tonnĂ© qu’une comĂ©dienne Ă©tablie veuille jouer dans un film d’horreur, un crĂ©neau jusqu’à maintenant ignorĂ© par les comĂ©diennes connues. Comble de malheur, cette derniĂšre devra cependant renoncer au rĂŽle puisque les dates de tournage entrent en conflit avec un autre de ses projets. Par contre, comme elle tient absolument Ă  jouer dans le film, elle accepte le plus petit rĂŽle de Casey Becker. Ce revirement est finalement une trĂšs bonne chose pour la production! À la maniĂšre du cĂ©lĂšbre Psychose d’Alfred Hitchcock, une tĂȘte d’affiche est tuĂ©e tĂŽt dans l’intrigue. En plus de dĂ©stabiliser les spectateurs, cette situation laisse entendre que tout peut arriver dans le film. Un pari risquĂ© qui rapportera gros! Cependant, Craven doit dĂ©sormais trouver une nouvelle Sidney.

« La production doit beaucoup Ă  la comĂ©dienne Drew Barrymore qui, grĂące Ă  sa participation, convaincra le rĂ©alisateur Wes Craven de s’impliquer dans le projet. »

Le rĂ©alisateur avait dĂ©jĂ  remarquĂ© Neve Campbell dans la sĂ©rie Party of Five qui connaissait un certain succĂšs Ă  la tĂ©lĂ©vision. Il est convaincu qu’elle possĂšde tout ce qu’il faut pour le rĂŽle. Quant Ă  Campbell, elle se laisse quelque peu dĂ©sirer. Elle est moins encline Ă  rejouer dans un film d’horreur aprĂšs The Craft qu’elle vient de tourner. Mais, l’attrait d’un premier rĂŽle, avec un personnage intĂ©ressant, la fait accepter.

Au-delĂ  du casting, l’une des raisons principales du succĂšs des films Frissons est leur mystĂ©rieux meurtrier Ghostface (qui change d’identitĂ© Ă  chaque film). Pour la partie vocale, Craven arrĂȘte son choix sur Roger L. Jackson, un comĂ©dien vivant Ă  Santa Rosa oĂč a lieu principalement le tournage. À l’origine, il ne devait que donner la rĂ©plique aux comĂ©diens sur le plateau. Mais, sĂ©duit par sa voix singuliĂšre, le rĂ©alisateur a finalement dĂ©cidĂ© de le garder dans la version finale du film. Afin de tenir les comĂ©diens sur le qui-vive lors des prises, Jackson leur parlait rĂ©ellement au tĂ©lĂ©phone. Il Ă©tait cependant cachĂ© et les acteurs ne l’ont rencontrĂ© en personne qu’à la premiĂšre du film! Il restait Ă  trouver le masque de Ghosftace.

Le scĂ©nario de Williamson ne comportait aucune description du personnage Ă  part le fait qu’il portait un masque Ă©voquant un fantĂŽme. C’est Ă  la partenaire de production de Craven, Marianne Maddalena, que l’on doit le cĂ©lĂšbre masque. Enfin, en partie, car il existait dĂ©jĂ ! Alors que la production explore des maisons qui pourront servir de dĂ©cor dans le film, elle trouve le masque dans une piĂšce de l’une d’elles. Les producteurs auraient Ă©videmment prĂ©fĂ©rĂ© un masque dont ils auraient possĂ©dĂ© les droits plutĂŽt que celui commercialisĂ© par la compagnie New World. L’équipe des effets visuels tente alors d’en produire des versions modifiĂ©es, afin d’éviter des litiges juridiques. Mais Craven revient toujours au masque original qu’il prĂ©fĂšre. La production obtient donc finalement l’autorisation du fabricant de l’utiliser dans le film. Un choix judicieux pour la compagnie, car le masque connaĂźtra un succĂšs de vente retentissant lors des Halloween subsĂ©quentes.

Ghostface fait dĂ©sormais partie du panthĂ©on des personnages cultes des films d’horreur, terrorisant maintenant une nouvelle gĂ©nĂ©ration de spectateurs qui n’étaient mĂȘme pas encore nĂ©s lors de la sortie du premier film. Parions qu’il provoquera de nombreux cris et sursauts dans les salles de cinĂ©ma pendant encore plusieurs annĂ©es! |

Frissons VI prendra l’affiche le 10 mars.