Image tirée du film Rocky III (1982)
Ce printemps, Adonis, fils du défunt boxeur Apollo Creed, revient pour un troisième round sur le grand écran. Creed III est également la neuvième production de l’univers Rocky. Il y a 47 ans, ce film à petit budget accomplissait l’incroyable. Il devenait non seulement le film le plus populaire de l’année 1976, mais aussi celui qui allait remporter, contre toute attente, la statuette de l’Oscar du meilleur film. Ce succès inattendu et inespéré annonçait également celui de Sylvester Stallone, scénariste et vedette du film, qui avait tout misé sur Rocky. Tout comme son alter ego Rocky Balboa, Stallone a mené un combat acharné et sans concession afin de porter à l’écran son histoire.
Rocky est inspiré du combat entre le célèbre champion Mohamed Ali et Chuck Wepner en 1975, au cours duquel ce dernier a causé la surprise en résistant jusqu’au quinzième round. Peu d’experts lui accordaient des chances de réaliser cet exploit. Stallone réussit à vendre le premier jet du scénario, écrit en quelques jours, à la chaîne de télé ABC à l’aide de son ami comédien Henry Winkler, avec qui il avait joué dans The Lords of Flatbush l’année précédente. Entre-temps, Winkler était devenu l’une des têtes d’affiche de la chaîne grâce à son rôle de Fonzie dans la série Happy Days. Quand Stallone apprend que les dirigeants d’ABC veulent embaucher un scénariste afin de retravailler son scénario, il rembourse son cachet afin de récupérer les droits.
Quelques mois plus tard, Stallone vend finalement son scénario aux producteurs Robert Chartoff et Irwin Winkler, qui voient le potentiel cinématographique de Rocky, mais qui croient moins en Stallone en tant qu’acteur. Par contre, celui-ci est catégorique : le film sera tourné avec lui ou pas du tout. Après des négociations houleuses, durant lesquelles le studio United Artists désirait voir James Caan, Robert Redford ou Burt Reynolds incarner Rocky Balboa, une entente est enfin conclue qui permettra à Stallone d’avoir enfin « sa chance » d’obtenir un rôle d’importance dans un film. Avec un peu plus de 100 $ dans son compte et alors qu’il vient de mettre son chien Butkus en gage (le même qu’il récupèrera et qu’il fera jouer dans le film), il laisse une centaine de milliers de dollars sur la table afin de garder le contrôle sur son projet. Stallone accepte de retravailler gratuitement le scénario et d’être payé au salaire minimum de la Guilde des acteurs. Sans « star », le budget est toutefois réduit de moitié et fixé à tout juste un million de dollars.
« Les producteurs voient le potentiel cinématographique de Rocky, mais ils croient moins en Stallone en tant qu’acteur. Par contre, celui-ci est catégorique : le film sera tourné avec
lui ou pas du tout. »
Le tournage débute le 9 janvier à Philadelphie sous des températures froides. John G. Avildsen est le troisième réalisateur à utiliser la fameuse caméra Steadicam dans un film (après Bound for Glory et Marathon Man). Elle servira pour la séquence de la mémorable course dans les rues qui mènent aux escaliers du musée. Celle-ci a été tournée en improvisant, sans permis et sans figurant. Les personnes que l’on aperçoit à l’écran ignoraient qu’elles participaient à un film. Leurs réactions sont donc spontanées. Les deux courses ont été filmés la même journée, à deux heures d’intervalle.
Fonctionnant avec un budget limité, la production n’a pas le choix de s’adapter. Ainsi, la scène de la patinoire est modifiée pour qu’elle se déroule après l’heure de fermeture de l’aréna afin de ne pas avoir à payer une centaine de figurants. Le film contient même une bourde célèbre. Lors du combat final entre Rocky et Apollo, les personnages ne portent pas les bonnes couleurs de vêtements telles qu’affichées dans les hauteurs de l’aréna. En cours de route, le réalisateur a préféré inverser les tenues des deux personnages, mais la direction artistique avait déjà produit les bannières. Comme on n’avait plus les moyens de les refaire, elles ont été laissées ainsi à l’écran. Cette situation a même provoqué un gag dans le film!
Le personnage de Rocky est devenu un véritable phénomène de la culture populaire, propulsant Stallone parmi les vedettes de cinéma les plus connues de la planète. L’acteur a même réalisé la majorité des films de la série. Mais, comme toute bonne chose à une fin, il a accroché ses gants avec le film Creed II, sorti en 2018. Cette nouvelle suite sera donc la première sans le vénérable personnage incarné par Stallone sur le ring. Et, Michael B. Jordan, tout comme Sylvester Stallone avant lui, semble désormais prendre en main la destinée de son personnage, alors qu’à son tour il passe derrière la caméra. Adonis suit définitivement la voie tracée par Rocky… |
Creed III prendra l’affiche le 3 mars.