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Deadpool : quand les réseaux sociaux triomphent !

Image tirĂ©e de l’affiche du film Deadpool (2016)

Ryan Reynolds et Deadpool semblent indissociables tellement l’acteur incarne son personnage passionnĂ©ment tant au cinĂ©ma que sur les rĂ©seaux sociaux. On semble parfois oublier que Reynolds avait d’abord interprĂ©tĂ© le mercenaire insolent dans une version bien diffĂ©rente de celle qu’il nous offre depuis 2016. Le chemin pour y arriver a Ă©tĂ© tout aussi imprĂ©visible que les rĂ©pliques sarcastiques lancĂ©es par cet antihĂ©ros.

L’histoire d’amour entre le comĂ©dien canadien et le personnage de Marvel remonte au dĂ©but des annĂ©es 2000. Reynolds s’intĂ©resse Ă  Deadpool lorsqu’il apprend que ce dernier lui fait rĂ©fĂ©rence dans un numĂ©ro de la bande dessinĂ©e. En 2004, l’acteur tente de produire un film pour le compte de la New Line Cinema en compagnie de David S. Goyer, qui venait de scĂ©nariser et de rĂ©aliser le film Blade: Trinity pour le studio, qui mettait Ă©galement en vedette Ryan Reynolds. Par contre, le duo n’avait pas rĂ©alisĂ© que les droits du personnage appartenaient Ă  la Fox, qui produisait la sĂ©rie des X-Men Ă  laquelle Deadpool est liĂ©. Il est donc impossible que le projet puisse aller de l’avant, d’autant plus que la Fox dĂ©sire intĂ©grer Deadpool Ă  l’un de ses futurs films.

Toutefois, Reynolds jouit d’un coup de chance inouĂŻ, alors qu’il se voit finalement offrir le rĂŽle de Deadpool dans X-Men Origins: Wolverine, production dĂ©rivĂ©e de l’univers des X-Men qui sort en 2009. Si le casting du comĂ©dien est d’abord bien accueilli par les amateurs, qui attendent avec impatience sa premiĂšre apparition au grand Ă©cran, cet enthousiasme laisse rapidement place Ă  la consternation une fois le film prĂ©sentĂ© au grand Ă©cran. Horreur ! Cette version de Deadpool n’a finalement rien Ă  voir avec la bande dessinĂ©e. En effet, on a Ă©liminĂ© l’une de ses caractĂ©ristiques importantes : sa capacitĂ© verbomotrice. Au lieu de parler tout le temps, ici, il est complĂštement muet ! Enfin, une fois seulement que Wade Wilson se voit transformer en Deadpool, mais il n’empĂȘche que ce dernier est complĂštement dĂ©naturĂ©. Évidemment, ce changement majeur suscite le mĂ©contentement tant chez les critiques que chez les cinĂ©philes.

De son propre aveu déçu par cette approche, Reynolds cherche Ă  ramener le personnage dans une version plus fidĂšle Ă  la bande dessinĂ©e. La Fox consent Ă  l’embauche des scĂ©naristes Rhett Reese et Paul Wernick, qui viennent de connaĂźtre un beau succĂšs avec la comĂ©die d’horreur Zombieland. Enthousiaste, Reynolds collabore Ă©troitement avec le duo d’auteurs qui semble piger exactement le ton qu’il cherche Ă  confĂ©rer au film selon le comĂ©dien. Par contre, une tuile va s’abattre sur l’acteur, ce qui viendra mettre en pĂ©ril le projet.

Le rĂ©alisateur Tim Miller peut compter sur l’appui d’amis influents, James Cameron et David Fincher, qui tentent de convaincre le rĂ©calcitrant studio Fox des mĂ©rites du scĂ©nario de Reese et Wernick.

En 2011, Reynolds tient l’affiche du film Green Lantern, qui connaĂźt un Ă©norme Ă©chec tant critique que commercial. Ceci n’aide pas la Fox Ă  se laisser convaincre par le projet de Deadpool, alors qu’elle est dĂ©jĂ  frileuse Ă  l’idĂ©e de financer un film de superhĂ©ros cotĂ© 18 ans et plus, une condition sine qua non de la vedette. En 2012, le studio dĂ©bloque toutefois un montant dans les bas six chiffres afin de permettre au rĂ©alisateur du film, Tim Miller, de faire quelques tests visuels avec un Deadpool numĂ©rique, auquel Reynolds prĂȘte sa voix. Malheureusement pour l’équipe de Miller, la Fox n’est pas entiĂšrement convaincue des rĂ©sultats et elle prĂ©fĂšre mettre le projet sur pause. Entre-temps, l’immense succĂšs de The Avengers, du rival Disney, pousse la Fox Ă  peut-ĂȘtre vouloir prĂ©senter Deadpool au public dans un film Ă  grand dĂ©ploiement avec plusieurs des X-Men. Bref, on ne s’entend pas sur la suite des choses. Pourtant, Tim Miller peut compter sur l’appui d’amis influents, James Cameron et David Fincher, qui tentent de convaincre le rĂ©calcitrant studio des mĂ©rites du scĂ©nario de Reese et Wernick, maintenant dĂ©jĂ  rendu Ă  quelques versions retravaillĂ©es.

Finalement, tout change Ă  l’été 2014 grĂące Ă  Internet. Un employĂ© de la Fox met en ligne clandestinement la sĂ©quence-test de Miller. Dans la vidĂ©o de presque deux minutes, on peut apercevoir Deadpool sauter d’un pont autoroutier pour atterrir dans une voiture par le toit ouvrant. Il combat ensuite les occupants de la voiture, prĂ©sumĂ©ment des mĂ©chants, tout en lançant des rĂ©pliques sarcastiques. La vidĂ©o devient virale, obtenant l’aval du public qui retrouve avec satisfaction « son » Deadpool. L’enthousiasme des internautes pousse finalement la Fox Ă  revenir sur sa dĂ©cision. Elle dĂ©cide donc de financer le film. Par contre, Tim Miller doit se contenter d’un budget plutĂŽt maigre de 58 millions de dollars amĂ©ricains, soit presque le tiers des grosses productions des studios Marvel. Le compromis en vaut le coĂ»t vu l’énorme rĂ©action positive du public envers le film, qui terminera 9e au box-office mondial avec des recettes de 782,8 millions de dollars.

Cet Ă©tĂ©, six ans aprĂšs sa derniĂšre apparition, Deadpool revient pour une troisiĂšme aventure officielle dans laquelle il croisera non seulement le fer avec Wolverine, mais intĂ©grera enfin l’univers cinĂ©matographique Marvel depuis le rachat de la Fox par Disney en 2017. D’ailleurs, le studio a rassurĂ© les fans en promettant que ce nouveau film serait encore destinĂ© Ă  un public adulte averti, tout comme l’étaient les deux prĂ©cĂ©dents volets. Il faut aussi reconnaĂźtre l’incroyable tour de force de Ryan Reynolds d’avoir convaincu Hugh Jackman, 55 ans, de reprendre son rĂŽle de Wolverine, lequel lui est toujours indissociable 24 ans plus tard. |

Deadpool & Wolverine sortira en salle au mois de juillet.