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CinĂ©ma – Mode d’emploi : les costumiers

Crédit photo : freepik.com

Il suffit de marcher dans les rues un soir d’Halloween pour constater à quel point le cinéma a un impact important sur la culture populaire. Après tout, c’est le soir idéal pour croiser, en chair et en os, des personnages issus de nos films préférés. Ainsi, vous pourriez rencontrer de nombreux superhéros et des icônes du cinéma d’horreur comme Michael Myers et Freddy Krueger. Si certains vont acheter des costumes déjà prêts à porter pour s’épargner du temps et de l’effort, d’autres prendront plaisir à les confectionner de toutes pièces pour épater la galerie.

Pour un costumier, c’est l’Halloween Ă  longueur d’annĂ©e, car crĂ©er des costumes pour une multitude de personnages fait partie de son quotidien. Si ce mĂ©tier n’est pas le premier qui nous vient en tĂŞte lorsque nous pensons au cinĂ©ma, il est Ă©vident que sa contribution est absolument nĂ©cessaire. Peu importe le genre cinĂ©matographique – du film d’horreur Ă  celui de science-fiction, de la comĂ©die romantique au drame judiciaire â€“ les costumes permettent aux comĂ©diens de mieux habiter leurs personnages et, du mĂŞme coup, ils amènent les spectateurs Ă  croire davantage au rĂ©cit racontĂ© et facilite son immersion dans l’univers souhaitĂ©.

Connaître ses personnages
Colleen Atwood est une costumière américaine qui pratique ce métier depuis plus de vingt ans. Si vous ne connaissez pas son nom, il est fort probable que vous ayez par ailleurs déjà vu de ses créations sur votre petit ou grand écran. Edward aux mains d’argent, cela vous dit quelque chose? C’est elle qui a créé le costume mémorable porté par le personnage de Johnny Depp, celui dont l’allure nous fascine encore. D’ailleurs, elle a confectionné les costumes de la plupart des films du cinéaste visionnaire Tim Burton. À plusieurs reprises, elle a été en nomination aux Oscars pour son travail. Elle en a remporté quatre, dont un pour le film Chicago de Rob Marshall et, plus récemment, un autre pour Les Animaux fantastiques, premier volet d’une série qui se déroule dans l’univers des films d’Harry Potter. Elle ne le dira jamais assez en entrevue : la qualité d’un bon costumier, c’est de bien connaître ses personnages.

Au cinéma comme au théâtre, les costumes sont des outils puissants afin d’introduire de nouveaux personnages. Avant même qu’ils prennent la parole, leurs costumes doivent transmettre visuellement et en très peu de temps des indices sur qui ils sont et d’où ils viennent. Il y a plusieurs façons d’y arriver, comme par le choix des couleurs, des silhouettes et des tissus. Souvent, les créateurs de costumes vont collaborer étroitement avec les maquilleurs, les coiffeurs et les accessoiristes afin de concevoir des styles cohérents et de faire des choix artistiques éclairés. Surtout, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir évocateur des petits détails.

« Au cinéma comme au théâtre, les costumes sont des outils puissants afin d’introduire de nouveaux personnages. »

Par exemple, dans Le Silence des agneaux de Jonathan Demme, la scène où Clarice Starling et les spectateurs rencontrent pour la première fois Hannibal Lecter est particulièrement mémorable. Colleen Atwood voulait qu’Hannibal Lecter se distingue des autres prisonniers vulgaires et à peine vêtus. Après tout, il n’est pas un prisonnier ordinaire. Malgré ses penchants pour le cannibalisme, il est un intellectuel et un psychiatre brillantissime. Ce n’est donc pas le genre d’homme à négliger son apparence. Il est rasé de près et bien coiffé, puis son uniforme de prison est parfaitement taillé et repassé. Même en prison, il est élégant et pleinement en contrôle de son image, de sa personne. C’est d’ailleurs ce qui le rend si terrifiant.

Si nous savons maintenant que les costumes doivent souligner les traits de caractère des personnages, il est également crucial qu’ils s’intègrent parfaitement à l’esthétique générale du film et à l’époque à laquelle celui-ci se déroule. Avant même de penser à s’approcher des machines à coudre, le costumier devra discuter longuement avec le réalisateur afin de clarifier ses intentions. De plus, il doit prendre en considération la direction artistique puisque les décors peuvent, eux aussi, avoir un impact sur le choix des costumes, de leurs couleurs et de leurs textures. Le directeur de la photographie aura aussi son mot à dire puisque certains tissus sont plus difficiles à photographier selon le type d’éclairage utilisé, par exemple.

S’il accorde généralement plus de temps aux personnages principaux, le costumier ne doit toutefois pas négliger les figurants qui peuvent être nombreux. Eux aussi, ils ont besoin de costumes et de petits soins. Ils ne doivent pas détonner du reste de la production et surtout ne pas distraire les spectateurs du récit principal. Sans surprise, c’est souvent chez les figurants que les cinéphiles les plus motivés vont repérer quelques erreurs de cohérence et des anachronismes vestimentaires, par exemple une paire de bottes beaucoup trop moderne ou un short en lycra dans le film Gladiateur de Ridley Scott.

Si nous n’avons pas toujours le temps, en tant que spectateurs au cinĂ©ma, de nous attarder aux costumes des personnages, rien ne nous empĂŞche de faire l’exercice Ă  la maison. Choisissez votre film prĂ©fĂ©rĂ©, installez-vous confortablement et dĂ©cortiquez attentivement les vĂŞtements portĂ©s par tous les personnages, figurant inclus. Sans aucun doute, vous remarquerez des dĂ©tails qui vous avaient Ă©chappĂ©. |

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