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Harrison Ford

Image tirée du film Indiana Jones et le cadran de la destinée (2023)

Quel est le personnage qui vous vient en tĂȘte lorsque vous pensez Ă  Harrison Ford? Plusieurs d’entre vous rĂ©pondront l’aventurier et professeur d’archĂ©ologie Indiana Jones. Beaucoup d’autres nommeront le contrebandier et pilote Han Solo. AssurĂ©ment, il y aura aussi des fans de Blade Runner qui mentionneront plutĂŽt Rick Deckard, le membre spĂ©cial chargĂ© de la traque de rĂ©plicants. Une minoritĂ© pourrait citer son interprĂ©tation de Jack Ryan, l’analyste de la CIA, dans deux longs mĂ©trages. Et quelques rares penseront au docteur Richard Kimble dans Le Fugitif. Peu importe votre choix, par ses multiples interprĂ©tations, Harrison Ford est dĂ©finitivement un des acteurs amĂ©ricains qui a le plus marquĂ© l’imaginaire collectif des spectateurs des quatre coins de la planĂšte.

Cet Ă©tĂ©, sur grand Ă©cran, Harrison Ford ressort son fouet iconique pour une ultime prestation dans Indiana Jones et le cadran de la destinĂ©e, cette fois-ci dirigĂ© par James Mangold plutĂŽt que l’habituel Steven Spielberg. À bientĂŽt 81 ans, Ford a dĂ©jĂ  dit adieu Ă  Han Solo dans Star Wars, Ă©pisode VII : le rĂ©veil de la force rĂ©alisĂ© par J. J. Abrams en 2015, et Ă  Rick Deckard dans l’excellente suite Blade Runner 2049 que pilotait Denis Villeneuve en 2017. Mais ne pensez pas qu’il partira Ă  la retraite de sitĂŽt. Harrison Ford reprendra le rĂŽle de Thunderbolt Ross (jouĂ© prĂ©cĂ©demment par le regrettĂ© William Hurt et aussi par Sam Elliott) dans au moins deux films de l’univers Marvel.

Pourtant, la route a Ă©tĂ© longue pour le jeune Ford avant d’obtenir une certaine notoriĂ©tĂ© et de devenir un nom convoitĂ© par l’industrie cinĂ©matographique amĂ©ricaine. Il s’installe Ă  Hollywood en 1964, espĂ©rant gagner sa vie en faisant des doublages. C’est plutĂŽt avec un contrat hebdomadaire de Columbia Pictures qu’il apparaĂźtra au petit Ă©cran Ă  plusieurs reprises comme figurant. Il doit attendre trois ans pour enfin obtenir un rĂŽle crĂ©ditĂ© au grand Ă©cran dans La Poursuite des tuniques bleues rĂ©alisĂ© par Phil Karlson. Ford accepte mal les petits rĂŽles qu’il enfilera ensuite chez Universal Pictures. À court d’argent, il devient charpentier pour subvenir aux besoins de sa famille tout en continuant d’incarner des personnages secondaires au cinĂ©ma et Ă  la tĂ©lĂ©vision. GrĂące Ă  ses rencontres comme entrepreneur, il croisera le chemin du jeune George Lucas, qui l’engagera dans son premier long mĂ©trage Graffiti amĂ©ricain, et celui d’un autre cinĂ©aste de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration, Francis Ford Coppola, fort du succĂšs de son film Le Parrain, qui lui offrira un rĂŽle dans Conversation secrĂšte.

« Comme plusieurs grands acteurs de l’histoire du cinĂ©ma, Harrison Ford a ce don de nous impliquer Ă©motivement dans ses questionnements, sa recherche de sens, sans jamais surjouer, nous accrochant Ă  toutes les intrigues qu’il traverse Ă  l’écran. »

Sa carriĂšre dĂ©colle enfin lorsque George Lucas lui permet de personnifier Han Solo dans son opĂ©ra galactique La Guerre des Ă©toiles, le rĂ©alisateur reconnaissant qu’aprĂšs moultes auditions, personne ne pouvait mieux incarner cet arrogant chasseur de primes. À la grande surprise du studio 20th Century Fox, le film devient un Ă©norme succĂšs international en plus d’ĂȘtre un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne de sociĂ©tĂ©. Harrison Ford, maintenant ĂągĂ© de 35 ans, peut enfin mettre de cĂŽtĂ© son travail de charpentier et se consacrer entiĂšrement Ă  son mĂ©tier d’acteur.

Durant les annĂ©es 70, George Lucas dĂ©veloppe, avec l’aide de Philip Kaufman, un autre projet qui lui tenait Ă  cƓur, inspirĂ© des films Ă  Ă©pisodes de son enfance. Lucas crĂ©e le personnage d’Indiana Smith, avant de devenir plus tard Indiana Jones, et Kaufman a l’idĂ©e que cet aventurier soit en quĂȘte de l’Arche d’alliance. ScĂ©narisĂ© par Lawrence Kasdan, le film sera rĂ©alisĂ© par Steven Spielberg, le bon ami de George Lucas, vu l’impossibilitĂ© de Kaufman de s’atteler Ă  la tĂąche. Pour le rĂŽle principal, beaucoup de jeunes acteurs sont considĂ©rĂ©s, de Bill Murray Ă  Steve Martin, de Jeff Bridges Ă  Tom Selleck. Ce dernier Ă©tait le premier choix, mais son contrat sur la sĂ©rie Magnum P.I. l’a, heureusement pour nous, empĂȘchĂ© de porter le chapeau brun. AprĂšs avoir vu Star Wars, Ă©pisode V : l’empire contre-attaque, Spielberg est convaincu que Harrison Ford est la meilleure incarnation possible de cet anti-hĂ©ros. Lucas accepte et le reste appartient Ă  l’histoire.

Un an plus tard, en 1982, pour son Blade Runner, Ridley Scott opte pour Harrison Ford Ă  la suite des fortes pressions de Steven Spielberg auprĂšs du cinĂ©aste anglais. AprĂšs les suites Star Wars, Ă©pisode VI : le retour du Jedi et Indiana Jones et le temple maudit, Ford tentera de choisir des rĂŽles plus Ă©toffĂ©s, montrant d’autres cĂŽtĂ©s de sa personnalitĂ©. Avec TĂ©moin sous surveillance rĂ©alisĂ© par l’Australien Peter Weir, Harrison Ford dĂ©croche sa premiĂšre et – aussi incroyable que cela puisse paraĂźtre – sa seule nomination pour l’Oscar du meilleur acteur.

Au cours des annĂ©es suivantes, il enchaĂźnera les incarnations d’hommes en quĂȘte de justice, entre autres dans Frantic de Roman Polanski, PrĂ©sumĂ© innocent d’Alan J. Pakula et dans Le Fugitif d’Andrew Davis. Comme plusieurs grands acteurs de l’histoire du cinĂ©ma, Harrison Ford a ce don de nous impliquer Ă©motivement dans ses questionnements, sa recherche de sens, sans jamais surjouer, nous accrochant Ă  toutes les intrigues qu’il traverse Ă  l’écran. Il s’essaye Ă  la comĂ©die dans Quand les femmes s’en mĂȘlent de Mike Nichols et Sabrina de Sydney Pollack, mais Ford semble plus Ă  l’aise dans les Ɠuvres oĂč il se trouve en danger, comme dans la peau de Jack Ryan (Jeux de guerre et Danger immĂ©diat, deux longs mĂ©trages de Phillip Noyce) ou dans celle du prĂ©sident amĂ©ricain dans l’intense Air Force One : avion prĂ©sidentiel rĂ©alisĂ© par Wolfgang Petersen.

Depuis le dĂ©but du siĂšcle, Harrison Ford a ralenti la cadence, passant d’Ɠuvres de cinĂ©astes rĂ©putĂ©s comme Apparences de Robert Zemeckis et K-19 : le piĂšge des profondeurs de Kathryn Bigelow Ă  des films mineurs de rĂ©alisateurs vite oubliĂ©s (qui se souvient de Firewall de Richard Loncraine ou de Paranoia mis en scĂšne par Robert Luketic?). Pour la majoritĂ© des cinĂ©philes, Harrison Ford reste et restera avant tout notre Indy, Han et Deckard, des anti-hĂ©ros auxquels nous nous sommes tant attachĂ©s au fil des ans. |